Neuf associations économiques neuchâteloises (AIP, apiah, Chambre immobilière, CNCI, Convention patronale, FER Neuchâtel, FNE, FNSO et UNAM) saluent avec force la décision du Conseil d’Etat de rejeter l’initiative « Plus de protection pour les apprenti.e.s ». Pour elles, le refus de ladite initiative représente une marque de confiance pour le travail assidu de 1350 entreprises formatrices neuchâteloises. L’initiative, déposée par le POP, le Parti socialiste, le SSP, Unia, l’USCN, les Verts et la Grève pour l’Avenir, discrédite les formateurs et met en péril la formation professionnelle dans notre canton.
L’intitulé « Plus de protection des apprenti.e.s » induit que les entreprises formatrices ne se soucient aucunement du bien-être de leurs apprentis. Mais « qui ne soucie pas de la protection des apprenti.e.s ? » si ce n’est justement les entreprises dans lesquelles ils et elles sont formé.e.s ? A ce titre, les milieux économiques se réjouissent que le Conseil d’Etat fasse confiance aux entreprises formatrices et qu’il ne veuille pas rajouter une couche supplémentaire au mille-feuilles administratif de l’apprentissage, déjà bien épais en regard des autres cantons. Les associations abondent dans le sens du gouvernement lorsque ce dernier affirme que « l’initiative jette le discrédit sur le travail des formatrices et des formateurs en entreprise et met en danger le « contrat-formation » et plus largement le système de formation duale au détriment des jeunes. »
Alors que la formation professionnelle et la dualisation des métiers sont des objectifs stratégiques pour notre canton, les initiants jouent avec le feu et risquent de mettre en danger les outils et les mécanismes mis en place depuis plusieurs années. Pire, il s’agit là d’un signe de défiance qui décourage les entreprises à former des jeunes. Cette initiative ébranle le partenariat social dans notre canton.
Ne pas jeter la suspicion sur les entreprises formatrices
Jean-Claude Baudoin, Secrétaire général de la FNE, farouche défenseur de l’apprentissage en entreprise, réagit à chaud à cette décision : « En 2018, après de longues réflexions et discussions, les milieux économiques ont accepté le principe du contrat-formation (une taxe sur la masse salariale) pour augmenter la part de l’apprentissage en mode dual. Les associations professionnelles ont ensuite pris leur bâton de pélerin pour encourager leurs membres à former des apprenti.e.s. La démarche a porté ces fruits : le taux de dualisation a augmenté. Il s’agit de continuer à encourager cette dynamique, non pas en jetant la suspicion (contrôle non annoncés dans les entreprises formatrices) sur les conditions de travail dans les entreprises formatrices, mais plutôt à mettre en avant leur rôle social en donnant des perspectives aux jeunes et leur volonté à faire face à la pénurie de main-d’œuvre. »
Un dispositif qui fonctionne déjà et qui n’a pas besoin de doublons
Séverine Favre, Secrétaire générale de l’apiah, rappelle que les entreprises formatrices font déjà l’objet de nombreux contrôles : « Un dispositif existe déjà au niveau de l’Etat et des associations professionnelles pour surveiller les entreprises formatrices. L’Office des apprentissage est notamment en contact avec toutes les entreprises formatrices et intervient lorsque ces dernières manquent à leurs devoirs (elle peut notamment retirer l’autorisation de former). En outre, l’Office des apprentissages suit les 4200 apprentis neuchâtelois et a donc l’opportunité constante de transmettre des feedbacks à leurs employeurs. ». Séverine Favre rajoute encore : « D’autres contrôles se font au niveau du Service de l’emploi (SEMP), l’Office des relations et des conditions de travail (ORCT), du SCAV (Service de consommation des affaires vétérinaires), mais également des commissions paritaires des CCT étendues. Laissons tout ce dispositif continuer à remplir ses missions, évitons les doublons, épargnons-nous des coûts supplémentaires et surtout laissons les entreprises former les apprenti.e.s. ».
David Guenin, Président de la CNCI, s’exprime au sujet du harcèlement, des violences physiques et psychologiques dont la formation obligatoire aux formateurs et formatrices aurait dû être supervisée par une commission tripartite demandée par l’initiative. Il rappelle que les entreprises y sont sensibilisées en amont notamment par les associations professionnelles et économiques via différents canaux. Il souligne : « Non seulement ces questions sont traitées pour les apprentis, mais aussi pour toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs des entreprises. Enrayer ces phénomènes passe par de la prévention et de la sensibilisation, mais en tout cas pas par des contrôles supplémentaires et par une densification de la réglementation. »
La balle maintenant dans le camp du Grand Conseil
Faisant écho à la conférence de presse du Conseil d’Etat, les neuf associations économiques espèrent que le Grand Conseil « ira dans le même sens » que le Conseil d’Etat et qu’il fera donc aussi confiance aux 1350 entreprises formatrices neuchâteloises et au dispositif de contrôles déjà existants.
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