En 2023, La Chaux-de-Fonds a été retenue pour réaliser la première édition de Capitale Culturelle Suisse. Une équipe élargie se mobilise pour dessiner les contours de la manifestation, préparer une riche programmation et nouer des contacts avec différents acteurs associatifs, culturels, politiques. Au mois de juin passé, des représentants d’associations économiques neuchâteloises ont rencontré l’équipe de La Chaux-de-Fonds Capitale culturelle 2027 (lcdf2027). Jean Studer, président de lcdf2027, Jean-Kley Tullii, vice-président, Olivier Schinz, directeur exécutif et Anna Golisciano, responsable des partenariats ont répondu aux interrogations de l’UNAM et d’autres associations économiques neuchâteloises.
Depuis quand existe le concept de Capitale culturelle ? Quelles ont été les motivations de villes européennes à devenir Capitales culturelles derrière chaque édition ?
Le concept est né en 1985 à Athènes, sous l’impulsion de Melina Mercouri, alors ministre grecque de la Culture. Elle propose à son homologue français, Jack Lang, de créer un projet mettant la culture au cœur de l’identité européenne. L’idée : valoriser des villes souvent en marge des grands centres touristiques, en révélant leur richesse culturelle et en favorisant les échanges.
Devenu depuis un programme européen à succès, il a servi de levier pour le développement et la transformation de nombreuses villes. Lille 2004 a durablement renouvelé son image. Marseille-Provence 2013 a révélé une nouvelle dynamique culturelle et permis l’émergence d’équipements structurants comme le MUCEM. Le modèle a inspiré la création d’une version suisse, adaptée à nos réalités territoriales et linguistiques, avec une forte dimension participative et fédératrice.
La Chaux-de-Fonds est la première Capitale culturelle suisse ? Pourquoi a-t-elle été choisie ?
Oui, La Chaux-de-Fonds est la toute première ville à porter ce titre. Elle a été choisie pour la richesse de son histoire industrielle et culturelle, sa vie associative dynamique, son architecture inscrite à l’UNESCO et sa capacité à mobiliser des forces vives locales autour d’un projet ambitieux. C’est une ville créative, atypique, à taille humaine, avec une vraie volonté de se projeter vers l’avenir.
Après 2027, quand aura lieu la prochaine édition de Capitale culturelle suisse ? Comment se fera la sélection de ladite Capitale ?
L’appel à candidature pour la Capitale culturelle suisse 2030 a été lancé. Le choix se fera sur dossier par l’association Capitale Culturelle Suisse, avec des critères liés à la vision artistique, à l’impact territorial, à la durabilité et à la capacité de mise en œuvre. Les éditions se tiendront à tour de rôle dans les différentes régions linguistiques de Suisse.
Revenons à La Chaux-de-Fonds Capitale culturelles suisse 2027 (lcdf27) ? Quelles en seront les grandes lignes ? Quelles surprises attendent les Neuchâtelois ?
lcdf27, c’est une année entière de vie culturelle en effervescence, portée par une programmation rythmée, inclusive et audacieuse. On peut l’imaginer comme une tresse à trois brins : le premier rassemble l’existant – tout ce qui se passe déjà à La Chaux-de-Fonds et qui sera mis en lumière sous le label lcdf27 ; le deuxième est constitué de coproductions conçues avec les institutions, les artistes, les associations et les citoyen·ne.s de la région ; le troisième brin apporte une touche d’ailleurs, avec une programmation nationale et internationale résolument contemporaine. Parmi les surprises pour les Neuchâtelois·es : des événements dans l’espace public et des lieux insolites, mais aussi les cartes blanches mensuelles aux anciens abattoirs, qui verront ce site emblématique se transformer au fil des mois en véritable laboratoire artistique.
Quelles sont les valeurs que transporte lcdf27 ?
lcdf27 repose sur cinq piliers : la créativité, la participation, l’ancrage local, la durabilité et l’ouverture. Elle valorise les identités multiples, les croisements entre disciplines, et s’attache à rendre la culture accessible à toutes et tous.
La durabilité est un terme omniprésent. Comment lcdf207 l’intégrera-t-elle ?
La durabilité est centrale, à la fois dans les pratiques (mobilité douce, production locale, recyclage, mutualisation) et dans les contenus. lcdf27 soutient des projets qui interrogent nos modèles actuels, encourage des approches respectueuses de l’environnement et travaille avec des partenaires engagés sur ces questions.
Culturellement, qu’est-ce qui sera différent à La Chaux-de-Fonds en 2027 ?
2027 ne sera pas une simple année culturelle : ce sera une année d’effervescence collective. Tous les événements qui auront lieu à La Chaux-de-Fonds en 2027 feront partie intégrante de la manifestation, comme expliqué plus haut. Certaines manifestations régulières prendront la forme d’éditions spéciales, par exemples dans un format plus long ou en mettant en œuvre de nouvelles collaborations. L’enjeu n’est pas de remplacer, mais de renforcer, amplifier et connecter les énergies existantes.
Au juste, comment se gère un tel projet en termes de ressources humaines ?
Le projet est porté par une équipe dédiée, avec une direction artistique et exécutive soutenue par plusieurs secteurs qui gèrent les différents aspects de cette manifestation d’envergure. Le modèle est souple, collaboratif, avec de nombreux partenariats locaux et une implication active des habitant.e.s, bénévoles et associations.
Parlons chiffres. Quel est le budget de la manifestation ? Quelles en seront les sources de financement ? Et sur quelles retombées comptez-vous ?
Le budget prévisionnel tourne autour de 18,5 millions de francs. Il est financé par des contributions publiques (Ville, Canton, Confédération) et parapubliques (Loterie romande), des soutiens privés et des partenariats. Les retombées économiques attendues concernent l’hébergement, la restauration, le tourisme culturel, mais aussi l’image et l’attractivité du territoire sur le long terme.
A 18 mois de la manifestation, quelles sont vos projections en matière de fréquentation ?
L’objectif est de toucher largement les habitants de La Chaux-de-Fonds et du canton, mais aussi d’attirer des publics suisses et étrangers. Grâce aux médias partenaires et à la circulation de certains projets, lcdf27 espère rayonner bien au-delà de la région et doubler son nombre de visites… si nous réussissons notre pari, nous aimerions accueillir un million de visiteurs.
« Industrie & culture » et « Entrepreneuriat & culture », quels sont les liens et les collaborations possibles ?
La culture et l’économie ne sont pas deux mondes séparés, au contraire, ils peuvent s’enrichir mutuellement. Avec lcdf27, nous voulons encourager des collaborations créatives entre les acteurs culturels et les entreprises : design et savoir-faire horloger, innovation sociale, production artistique inspirée des métiers industriels, mécénat de compétences ou encore résidences d’artistes en entreprise.
L’histoire de La Chaux-de-Fonds est celle d’un dialogue fécond entre art et industrie. Nous voulons prolonger ces liens historiques dans un contexte contemporain.
Soyons concrets ! Que peuvent attendre les entreprises neuchâteloises de lcdf27 ?
lcdf27 offre aux entreprises un espace d’opportunités pour atteindre certains de leurs objectifs tout en relevant les défis actuels. En s’associant à cet événement, elles peuvent gagner en visibilité à travers le soutien à des projets culturels, mais aussi contribuer à l’attractivité de la région et à sa capacité à séduire de nouveaux talents. C’est également une façon concrète d’affirmer leur responsabilité sociétale, en prenant part à une initiative qui valorise l’humain, la créativité et la participation. Enfin, lcdf27 offre l’occasion de mettre en lumière leurs métiers, de créer des passerelles entre culture et innovation, et de développer des compétences transversales à travers des collaborations artistiques ou des ateliers partagés.
Vous avez réuni des associations économiques à La Chaux-de-Fonds pour leur présenter le concept de lcdf27 ? Par rapport à lcdf27, que peuvent-elles faire ? Et leurs membres ?
Nous avons souhaité initier ces échanges avec les associations économiques, car nous sommes convaincus qu’une édition réussie de La Chaux-de-Fonds Capitale culturelle suisse 2027 ne peut se concevoir sans l’implication active des milieux économiques. Non seulement parce que l’art et l’industrie partagent ici une histoire étroitement liée, mais surtout parce que lcdf27 est avant tout une manifestation participative, son succès repose sur l’engagement de toutes les forces vives du territoire.
Les associations économiques ont un rôle clé à jouer. Elles peuvent contribuer à faire connaître lcdf27 dans leurs réseaux, mettre en lumière les opportunités qu’une telle manifestation représente pour les entreprises, et stimuler le dialogue entre art, industrie et innovation. Quant aux entreprises membres, elles peuvent s’engager concrètement en ouvrant leurs portes à la culture, par exemple en accueillant des artistes en résidence ou des interventions culturelles dans leurs locaux. Elles peuvent aussi mettre en place des initiatives pour rapprocher leurs collaboratrices et collaborateurs à la culture et à la programmation de lcdf27, en les incitant à participer activement à cette aventure collective. Enfin, elles peuvent soutenir la manifestation financièrement, par le biais du sponsoring ou du mécénat, ou encore en mettant à disposition des savoir-faire, des matériaux ou des ressources techniques. Plus qu’un simple appui, il s’agit de bâtir ensemble un projet qui reflète l’âme, la richesse et l’ambition de notre région.
D’ici janvier 2027, quelles sont les grandes étapes de lcdf27 ?
Parmi les jalons importants : la mise en œuvre des projets issus de l’appel à participation, le développement de la programmation officielle, la communication nationale, les recrutements, la montée en puissance de la mobilisation citoyenne, et l’accueil des villes candidates pour 2030, prévu en mai 2026.
Dernière question ! Projetons-nous en 2037 ! Que souhaiteriez-vous qu’on dise de lcdf27, 10 après la tenue de cette première édition de Capitale culturelle suisse ?
Que lcdf27 a marqué un tournant, qu’elle a renforcé le lien au territoire, qu’elle a permis de faire émerger de nouvelles dynamiques culturelles et humaines. Et surtout, qu’elle a laissé des traces durables dans les cœurs et les imaginaires.
Vous avez une idée ou un projet à réaliser dans le cadre de lcdf27? Une question à poser sur un partenariat avec lcdf27 ?
N’hésitez pas à contacter Anna Golisciano, Responsable partenariats lcdf27, anna.golisciano@lcdf.ch , +41 78 752 14 00
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